| Des vies qui nous attirent, de brûlures et de clous, oui, mais ne pas les vivre, c'est encore pire que tout.
Le père d’Aaron déterminait la valeur des gens par la coupe de leur costume, sa mère une femme généreuse donc malmenée. Lui, l’aîné et témoin impuissant d’une chute imminente ; le môme turbulent dès son jeune âge parce qu'il en a déjà trop vu. Quant à sa petite sœur, elle était venue au monde pour tout arranger. Vouée à jouer le rôle de l’appât qui garantirait une famille unie et un apaisement général. Tous les espoirs reposaient en Kira. Aaron, aussi, avait réellement cru que tout s’arrangerait une fois sa venue. Il avait 10 ans, Kira en avait 7, lorsque la dépression s’installa officiellement dans la maison. La voiture des voisins était fichue. Le corps de leur mère avait défoncé la vitre avant un lundi soir. Suicide, était le verdict. A l’enterrement, la tension était palpable. Aaron était devenu cette bombe à retardement qui menaçait d’exploser à n’importe quelle occasion. Il bombait le torse depuis les premières hostilités. Il avait su se taire pendant trop longtemps, et maintenant cette boule qui grossissait dans sa gorge l’étouffait. Il tentait d’éjecter cette bille de plomb de mal-être, et la chose qui le calmait lorsqu’elle prenait de l’ampleur était d’hurler. Les cris déchirants glaçaient le sang du curé au milieu de la chapelle. Il fallait le faire taire, ici on souffrait en silence, ou on sortait. Il avait hurlé jusqu’à ne plus avoir de voix. « I know you've try... I saw your face in the light, there you where smiling. Please don't you fear the dark. » (Je sais que tu as essayé… J’ai vu ton visage dans la lumière, là où tu es souriante. S’il te plaît, ne crains pas l’obscurité.) Ce fut les dernières paroles d’Aaron à sa mère. Son père avait arrêté de jouer le veuf effondré le temps de l’étouffer dans ses bras, mais c’était trop tard, la déchirure avait fendu l’air d’un claquement sec, rompant le lien père et fils depuis qu’elle n’était plus là. Aaron perdait contrôle sur lui-même, sur sa vie. Il en voulait à la Terre entière de lui avoir enlever, et non à elle d’être partit. Il en voulait à son père de l’avoir tué. A petit feu, cruellement. De l’avoir ignorer dans sa détresse. Ça revenait au même.
Deux mois après Monsieur Keenan se remariait. Une liaison qu’il entretenait depuis plusieurs années avec sa secrétaire. La dégringolade s’enchaîna. Aaron passa devant le juge, envoie immédiat pour la pension pour jeune, le temps d’y trouver une famille d’accueil, un aide à son malheur d’enfant brisé. Il lui était impossible de vivre sous le même toit que son père. Jugé trop instable, en pleine crise d’adolescence, agressif, voir même violent, viré de plusieurs collège pour avoir malencontreusement semé quelques nez cassés par-ci par-là, il s’écoula un an avant l’on réussisse à le fourguer aux premier téméraires. Déjà séparé de Kira, déjà amputé d’un membre ; Leddy fit irruption dans sa vie pour mettre de l’eau dans son vin. Joyeuse, exubérante, elle renfermait une fragilité qui l’avait fait fondre au premier regard. Ces bras squelettiques devenaient la marque de son combat. Il devait se battre pour elle, elle devait se nourrir pour lui. Dans cet univers effrayant et étranger elle devint son unique repère, entre deux parties de yam et confidences sur l’oreiller. La pension était un calvaire de tous les jours. Quelque soit l’endroit où il se serait trouvé il ne s’y serait pas senti à sa place. Etrangement, l’idée de quitter la pension ne l’avait pas rendu heureux. Il s’était enfin adapté à ces couloirs froids, et revivre une vie « familiale » le terrorisait. Le jour de son départ, un mardi, Leddy était étrangement enthousiasme. Peut-être même un peu trop à son goût, blessé qu’elle ne soit pas triste de le savoir bientôt loin. Elle était en train de regarder ses dernières photographies lorsqu’elle avait dit : « Je vais te présenter quelqu’un. Il t’aidera. ». La nouvelle ne l’enchanta pas. Voyant son air dubitatif, elle avait soupiré : « Aary, couillon, sourit un peu ! Dans quelques heures tu quittes ce trou. C’est une chance, crois-moi. Personne ne fera la même erreur deux fois : faut vraiment être con pour s’encombrer d’une loque comme toi ! – Sur que toi c’est tes biceps qui les font flipper. » il avait rétorqué en tâtant un de ses muscles imaginaires. Ils avaient rit, un peu émus, un peu gauches ; déjà nostalgiques en sentant la fin d’une époque proche. « Leddy, tu sais… » elle s’était déjà levée d’un bond. « Cal… Bouge-toi je vais pas te ramener moi-même et je sais très bien que tu vas encore piquer ta crise de jalousie. Au lieu de rester planter, viens que je t’explique. ». Les adieux inoubliables qu’il avait tant espéré étaient partis en fumée. C’était une chose qu’il ne supportait, il avait besoin de dire à dieu, à dieu et à jamais, à dieu je t’ai aimé, comme il n’avait pas pu le dire à sa mère... Ce Cal attisait déjà ses foudres. Il était au bord de la crise de nerf. On aurait pu croire qu’elle parlait à son petit ami. Elle s’éloignait avec le garçon, en emportant avec elle ce qui lui restait de cet endroit : son visage. « Aaron ! » elle beugla de sa voix fluette. Il levait les yeux au ciel, vaincu. « Tiens, voilà ton dérangement comme tu dis. Et il a un nom » elle poursuivit. Il avait dévisagé avec dureté le nouveau venu, devinant qu’il s’agissait du mec pour qui il devait s’éclipser chaque fois qu’il lui rendait visite. Et glisser sous les tapis comme un tas de poussière, ça ne lui plaisait pas. Il était hors de question à ce moment-là qu’il le fréquente. A ce moment-là…
Aaron avait quitté Leddy et la pension, les cheveux d’ors et les murs froids. Michael et Jennifer étaient tous deux psychothérapeutes, un élégant couples trentenaire où il était le quatrième adolescent qu’ils avaient pris en charge. Ils étaient à l’écoute, parlaient toujours avec calme sans faire de gestes brusques. Ça lui donnait la désagréable impression d’être un animal à apprivoiser. Trop d’humanité le faisait fuir. ; alors il partait rejoindre Leddy et le familier. - Casse-toi, elle avait lâché un jour alors qu’il lui rendait visite. Aaron avait tenté un petit rire. - Casse-toi je te dis. Cette fois il s’était levé, effrayé. - T’es qu’un lâche, Aaron. Tu te chies dessus à la seule idée d’avancer. C’est derrière où c’est pourri, c’est derrière où ça sent la merde. Pourquoi tu as tellement peur comme ça ? Tu as toutes les cartes en main, tu peux t’en sortir. T’as pas envie d’être heureux, c’est ça ? Tu viens ici chaque jour, perdre ton temps. A quoi tu joues ? - C’est pas aussi simple ! - Bien sur que ça l’est. T’es simplement trop con pour t’en donner les moyens. - Merde, Leddy ! MERDE ! - Tu crois que tu es le seul qui a peur ? Tu crois que tu es le seul qui y a laissé des plumes ? La vie continue, Aaron. Elle continue sans toi, et faudrait que tu t’en aperçoives ! Tu veux finir comme ta mère ? Il avait fracassé la lampe avec toute sa force, martelé le mur de ses poings pour ne pas les abattre sur Leddy. - La vie continue et tu la laisses filé ! Si tu le voulais vraiment, ça ferait un bail que Caleb aurait reçu ton appel. Il peut t’aider à trouver de l’argent, à te faire partir loin d’ici. C’est ça, casse-toi ! Il avait claqué la porte. Ils s’étaient quittés en pleurs. Des jeunes paumés, des jeunes brisés. C’était la dernière fois qu’il la voyait.
Leddy était devenu un sujet tabou entre Caleb et Aaron. Et Caleb un échappatoire adéquate pour Aaron. Le voyait-il brûler ? Tout le monde était apaisé, lui était toujours dans le train. Au précipice de sa blessure, l’aube lui avait donné un endroit où il pouvait s’effondrer, stupides scènes de nuits. Il débarquait à tout heure au cœur de la banlieue pour le petit appartement miteux. Dès qu’il se sentait sur le point de rompre une autre chaise à Jenna, il s’enfuyait, courait jusqu’à en perdre haleine et trouvait refuge dans la marginalité de son nouvel ami. Etrangement, bien que Caleb ne soit pas une personne des plus saine dans son univers de drogue et de débauche, il faisait du bien à Aaron. C’était un soulagement de l’âme dès l’hors qu’il l’apercevait. Il se sentait différent. Il se sentait plus léger, mieux en fait. Pourtant, l'aura que dégageait le brun n'était pas la plus rayonnante qu'il ait pu sentir. Il se sentait juste un peu plus libre, mais un peu terrifié en même temps. Rien ne sentait bon dans cette relation qui se créait, mais étrangement ... Ca lui plaisait. C'était une sorte de magnétisme qui les retenaient l’un à l’autre, et Aaron n’était pas en moyen de lutter.
A force de se mêler au monde de Caleb, Aaron avait cédé à la tentation et s’était mit à consommer. Au départ, il ne s’agissait que de cannabis, quelques joints au détour d’angles, pour les arrondir. Puis le mal-être prenait le dessus, ou peut-être une curiosité malsaine, la possibilité d’échapper quelques instants à un quotidien qui lui était insupportable. Il avait débarqué une nuit, fou de rage, fou de chagrin, totalement perdu, chez Caleb. Absent. Partit dealer, il avait deviné. Il s’était directement jeté sur le parquet, avait soulevé avec précaution et empressement la latte magique comme il l’avait fait tant de fois fait derrière son dos. Il visa la veine de son bras droit avec soin, et sa tête se mouva d’allégresse lorsqu’il sentit que la seringue avait déversé toute l’héroïne. Il poussa un soupir de plaisir, s’écroula sur le divan. Il pouvait se reposer. - Enfin… avait-il soupiré avant de sombrer. Il n’aurait su dire combien de temps après, une douleur pinça sa peau et le fit à peine immerger. Il y avait trop de bruit, il avait trop mal, il en voulait encore. - Fous le camp. Tire-toi, ordonna-t-il. Caleb tentait de le tirer de sa lithargie. Et il le refusait. Lui il le faisait pas chier lorsqu’il se défonçait ! - Caleb, me fait pas ça, supplia Aaron. Cette fois sa voix était douce et envoutante, le manipulateur en manque qui ne veut que rien ne lui échappe. Le ricanement résonna si fort dans sa tête qu’il gémit. - Je t’ai déjà fait pire. Caleb faisait allusion à leurs nombreuses altercations musclées. Combien de fois en étaient-ils venus aux mains pour un oui ou pour un non ? Deux caractères forts, l’un sanguin, l’autre taquin, il en fallait de peu qu’ils ne retournent pas le studio les jorus de pieds gauches. - On n’a pas à en parler encore. J’ai le droit aussi. Pourquoi s’alarmer ? pensait-il. Il arrêterait, il arrêterait lorsqu’il le voudrait… Caleb réclamait de l’illico-presto, du frai et du pas cuit, du tout de suite et pas demain. Aaron se tordait sur le divan, essayait de lui attraper les jambes et de le ramener à lui, mais ses bras flasques retombaient mollement. Il sentit la seringue se retirait d’un coup sec et gémit. Un contact glacé l’électrisa, et cette fois il se redressa brusquement, chuta au sol après s’être reçut un saut d’eau. - CALEEEEEB ! Il s’était déjà évanoui dans la nature, le laissant tordu de froid, tordu de peur. - Sale con… sale con… reviens. REVIENS ! Caleb allait s’évanouir comme tous les autres. Ils partaient sans dire à dieu, à dieu et à jamais, à dieu je t’ai aimé, d’un amour vache mais sincère. Mais Caleb réapparaissait toujours.
« Caleb répond ! J’ai besoin de toi. Il m’en faut, j’en peux plus ! J’EN PEUX PLUS ». Aaron tremblait, Aaron suffoquait. Pour la première fois il était en manque. En manque d’anfet’, en manque de Leddy. Elle était partit sans dire à dieu elle aussi. Il l’avait deviné en voyant Caleb. Avant, il l’encourageait à renouer les liens. Il le poussait à aller la voir. Aaron hurlait hors de question, hors de question ! Leddy avait eut raison, mais il ne voulait pas entendre tout ça. Il pourrait la voir lorsqu’il serait devenu l’homme qu’elle voulait voir dans ses yeux ; l’homme heureux. Il se l’était promit. Mais Leddy était partit sans l’attendre, sans comprendre qu’il en était incapable. Sans les attendre. Il entend nettement Caleb le lui hurler dans son silence de deuil. Il n’incisait plus furtivement Leddy dans les conversations. Elle s’était aussi évanouie de leur vocabulaire… Et comme à chaque fois, ils n’en parleraient pas et se figeraient dans ce mutisme qui leur était propre. La douleur, l’anxiété, l’insomnie et des spasmes musculaires dû à son manque accompagnait cette triste constatation. « Caleb, reviens. » Il suppliait au combiné qui le sonnait de laisser un message. Il pouvait le rattraper. Il le pouvait ! Alors il courut comme lorsqu’il arrivait épuisé les soirs d’hivers depuis trois ans déjà. Et il le vit. Agité, en retard. Le corbeau, il devina. Un client aussi dur que fou qui condamnait chaque minute de retard à un membre coupé, et Caleb à trembler. A sa connaissance c’était la seule personne que Caleb craignait. Aaron ne voulait pas devenir comme le Corbeau. Il y songeait souvent, avant de se planter l’anguille dans la peau… Les pulsions d’un camé en manque l’amenèrent à se trainer jusqu’à lui, trop absorbé par le temps pour le remarquer, et à glisser furtivement une main tremblotante de désir dans l’ouverture. Il en avait, enfin ! « Voilà, ma fille, voilà. » il miaulait de bonheur. Caleb continuait sa route, entrait dans l’immeuble. Aaron éventrait un sachet, sniffait en pleine rue. Inconscient de ce que son action insensé allait engendré, inconscient du danger qu’il faisait courir à Caleb. Il était faible, il était dépendant… Assis contre le mur, il se sentait flotter. C’était agréable, familier mais toujours aussi incroyable. Il reprenait ses marques dans la voix sans issue dans laquelle il s’était égaré, que se soit celle de la drogue ou celle où il s’était échoué. Puis le coup de feu a éclaté. Un son d’une puissance effrayante qui lui retourna le cœur, un son qui lui glaça le sang et qui secoua toute son échine. Le son de la Mort. Et il le vit. Caleb, pointant de son arme le Corbeau qui s’écrasait, un air à la fois déterminé et effondré. Aaron redescendit aussi sur Terre, un coup de massue violent sur la tête qui le laissa assomé. Deux cadavres se succédaient face à lui. Le corbeau, puis plus loin, un garçon de son âge aux mêmes cheveux ternes. Et il comprit. Caleb venait d’abattre le Corbeau, qui lui même avait pour attention de le supprimer. Lui. Aaron, qu’il avait vu voler la drogue. Qu’il avait confondu avec ce jeune homme innocent. Aaron se sentit plus sale que jamais. Il était responsable de deux cadavres sur le pavé. Mais le pire, c’est qu’il était responsable de la souffrance de Caleb, qu’il n’avait jamais vu s’effondrer une seule fois. Ce n’était pas Caleb qui avait tiré, ni le Corbeau, c’était lui. Il se sentait sale et indigne de Caleb. Caleb qui s’effondrait sur le pavé, qui ne pleurait pas son acte, il le savait, mais ce qu’il croyait être la mort d’Aaron sous ses yeux, ce qu’il croyait ne pas être parvenu à empêcher. Aaron fut incapable de l’appeler. Incapable de faire quoi que se soit. Pétrifié. Il avait tué pour lui. Il avait tué par amour. Et Aaron fut achevé par cet amour.
Aaron avait assisté à ce changement étrange dans une surprise silencieuse. Il le lisait dans ses yeux, il le lisait sur ses lèvres pincées, sur ses cheveux brossés, dans sa façon de se tenir plus droit, dans la frénésie de ses jambes nerveuses. Aaron avait apprit à apprivoiser cet étrange spécimen qu’était Caleb et à lire en lui ; il sentait le changement obtempéré plus les jours passés. Le petit truand des banlieues qu’il avait connu s’élevait bien plus au dessus de lui maintenant. Et la chenille grasse et ingrate se métamorphosa en un papillon qui vola si haut… Caleb devenait papillon qui voulait étendre ses ailes. Aaron restait la chenille qui se tortille. - Il faut qu’on se casse d’ici, avait-il déclaré un jour. - Pour aller où ? avait demandait Aaron, étonné. - Peu importe. Qu’on parte, qu’on quitte ce trou ! Aaron pensait à Leddy et se disait qu’elle serait fière de ce qu’était en train de devenir son « Cal’ » : quelqu’un de bon, quelqu’un qui voulait de l’avenir et de l’ambition. Il visait l’excellence après l’incontinence : Canadian Belinghton. Aaron voyait dans son excitation le désir de remettre les compteurs à zéro et de vivre, enfin ! Vivre. C’était un mot qui écrasait Aaron de sa puissance autant qu’il le bloquait. Ils faillaient qu’ils vivent, enfin. Et qu’ils oublient leurs vingt années de galère, qu’ils oublient la drohue que Caleb avait banni, et tout le reste. Le soir de l’accident, Aaron s’était effondré avec lui sans qu’il ne le sache. Il était resté assis à le regarder, à aspirer son amour par tous les pores, jusqu’à ce qu’il déborde de ses yeux, en attendant qu’il le noie. Puis il avait trouvé le courage de le suivre, lorsqu’il s’était traîné jusqu’à son studio misérable. Il ne fallait pas qu’il sache qu’il avait vu. « And what can I tell you, my brother, my killer ; What can I possibly say ? I guess that I miss you, I guess I forgive you, I'm glad you stood in my way. » ( Et qu'est-ce que je peux te dire, mon frère, mon assassin, Qu'est-ce que je peux bien dire ? Je suppose que tu me manques, je suppose que je te pardonne, Je suis content que tu te sois trouvé sur mon chemin.) , il avait chanté dans la nuit. Il le savait, dès qu’il repenserait à cet évènement cette chanson l’accompagnerait. Seulement, Il n’avait pas à pardonner Caleb, c’était à lui de se faire pardonner. Puis il l’avait trouvé. Sur le divan, prostré. Il avait levé son regard vers le sien, choqué. Le poing s’était écrasé sur son visage avec une telle force qu’il en avait eut le souffle coupé. Puis un autre, et un autre, jusqu’à ce que le sang enduise ses lèvres. Aaron souriait, délivré, se laissait frapper et savourait cette douleur délirante. Caleb hurlait qu’il le croyait mort, martelait, puis se laissait tomber sur lui, à bout de force. - Pardonne-moi, avait susurré Aaron. Ils s’étaient cramponnés au visage de l’autre en pleurant comme des enfants effrayés qu’ils étaient. - Pardonne-moi… Il ne se souvenait plus lequel d’entre eux avec pris le couteau et s’était entaillé le doigts le premier, mais il avait mélangé le sang de leur index. Ils étaient frères, tueurs, liés désormais par le sang. Parfois, Aaron avait honte d’aimer d’avantage Caleb que sa sœur, Kira, qu’il n’avait pas revu depuis ses treize ans. A cette pensée, il le haïssait de faire naitre un tel sentiment en lui. Encore une fois, jamais ils n’en avaient reparlé. Aaron avait joué le drogué repenti qui ne comprend pas, Caleb l’ami fidèle et trop inquiet. Voilà pourquoi, si Caleb se transformait en un papillon et désirait partir, alors Aaron le suivrait. Caleb voulait allait à Canadian Belinghton, alors Aaron le suivrait. Et il en serait ainsi jusqu’à ce qu’ils soient vies. « On part quand ? ».. |