Runaway baby

« Ding Dong Darling »

Une voiture se gara dans la rue. Elle entendit le freinage difficile, le bruit strident résonna entre les murs de sa chambre. Elle ne dormait pas, elle n’y arrivait pas et pourtant elle était épuisée. Elle était épuisée alors qu’elle ne faisait rien. C’était un cercle vicieux, elle se fatigue en ne faisant rien et n’arrive pas à dormir, alors elle ne fait rien. C’est stupide et elle soupira en refermant les yeux. Qui avait-il comme moyen pour dormir ? Compter les moutons, bien sûr ! Alors, un, deux, trois, … Huit cents trente-six, huit cents trente-sept, … Bon ça ne marche pas. Elle passa sa main sur ses yeux, puis dans ses cheveux, désespérée. Sa tête se tourna vers son portable pour connaître l’heure, dix heures. Normal qu’elle n’arrive plus à dormir. Saskia s’assied dans son lit tout moelleux, elle s’étira longuement histoire de réveiller ses muscles. Une porte claqua. Et la curiosité de la jeune fille s’activa, se propageant dans tout son corps pour éveiller des milliers de questions : Mais qu’est-ce que s’était ? Etait-ce Cato qui rentrait ? Ou bien une nouvelle tête qui emménageait dans le quartier ? Trop de questions qui resteraient sans réponses si elle ne se bougeait pas un peu les fesses. La dynamique jeune fille se leva d’un bond, décidé à rester éveillée puisque le marchand de sable ne voulait pas passer déposer sa poudre magique sur ses paupières. Ses fines mains agrippèrent les rideaux qu’elle écarta d’un petit coup vif. La lumière du jour l’éblouit, elle jura et soupira à nouveau. Ce n’était pas son jour. Mais elle continua sans s’arrêter longtemps, la fenêtre s’ouvra sous sa ténacité, la blonde passa discrètement sa tête pour voir qui était dans la rue. C’était une autre jeune fille blonde. Elle aurait cru que c’était elle de dos mais en voyant son visage elle se rendit compte que son imagination lui jouait des tours. Un sourire se dessina sur ses lèvres, heureuse de voir une nouvelle arrivante. Jusque-là elle n’avait rencontré que des hommes, il était qu’elle se fasse une amie pour se changer les idées. Saskia passa par-dessus la fenêtre pour s’asseoir sur le rebord. Elle observa l’inconnu qui semblait se diriger dans la villa voisine. Sa voisine en plus ! C’était une bonne nouvelle, ce n’était peut-être pas une si mauvaise journée qui débutait tout compte fait. Ses jambes nues se balançaient dans le vide. Elle attendait que la nouvelle disparaisse pour choisir de ce qu’elle allait faire. Y aller maintenant ? Elle pourrait peut-être attendre que l’autre s’installe non ? Ou elle pourrait l’aider justement ? Non, l’attente serait un enfer, il fallait bouger. Ce fut le vent très froid qui finit par la convaincre de rentrer se changer.

Elle fouilla dans ses placards de quoi ne pas faire épouvantail devant la jeune fille. Plus elle y pensait plus elle voulait aller la voir. Qui sait, peut-être que Cato s’entendrait bien avec elle aussi, ce serait marrant de se faire des soirées ensemble. Bon Saskia arrêtes de te faire des films déjà, si ça se trouve c’est une vraie peau de vache ! Toujours un sourire bêta aux lèvres, elle mit son jean préféré, celui dans lequel elle est vraiment bien, puis un gros pull un peu trop grand pour elle dans les teintes beiges. Pour les chaussures, alors pour les chaussures, elle lança les paires une par une par-dessus son épaule, atterrissant sur le lit. Celle-ci ça n’allait pas, celle-là non plus. Puis elle tomba sur des boots et l’excitation était telle qu’elle décida de mettre cette paire sans vraiment réfléchir. De toute façon elle n’allait pas faire un défilé de mode alors. C’est fou comme elle était contente quand elle allait rencontrer de nouvelles personnes, enfin c’est surtout parce que là il lui manquait cruellement une bonne copine pour faire les magasins et discuter des ragots et tout le tralala qu’on ne peut pas faire avec un mec. Elle n’était pas sûre que le shopping fût une passion pour son colocataire. Elle sourit en essayant de s’imaginer la scène, non il n’aimerait pas. Elle pria alors pour que cette inconnue ne soit pas une vraie pouffiasse. Il ne manquerait plus que ça pour lui pourrir la journée. Croisant les doigts elle sortit de sa chambre, courant à moitié, traversant la pièce principale elle ne manqua pas de prendre ses clés cette fois.

Alors qu’elle allait fermer la porte elle se demanda si elle ne devrait pas ramener quelque chose pour la demoiselle. Un petit truc c’était la politesse non ? Saskia rentra à nouveau à l’intérieur et dans la cuisine, fouilla dans les placards par encore tout à fait remplis. Il faut dire que ça ne faisait pas longtemps qu’elle avait emménagé ici. Elle ne trouvait rien et ça la gavait de plus en plus. Elle en avait plus que marre de la politesse, comme le lui avait appris ses parents adoptifs, elle en avait marre de devoir se cacher derrière des petits cadeaux pour faire bonne figure. Cette fois, il n’y aurait qu’elle, pas de façade, pas de lèche-cul comme font tous les bons invités quand ils arrivent chez des connaissances. Ses pieds se remirent à courir et elle claqua la porte derrière elle. La jeune blonde allait entrer dans la rue lorsqu’elle se rendit compte qu’elle n’avait pas fermé la porte à clé. Elle maudit son étourderie et revint sur ses pas pour fermer cette foutue porte d’entrée. A présent qu’elle avait bien tout fait comme il fallait et qu’elle ne risquait pas de se faire voler, elle s’approcha de la maison voisine qui était une très belle villa, même si elle trouvait toutes les villas de cette rue magnifique. Saskia resta un moment rêveuse devant la façade, imaginant le caractère de la nouvelle venue. Elle pria une dernière fois pour bien s’entendre avec elle puis monta vers sa porte d’entrée. Devant celle-ci, elle leva le poignet pour frapper, mais elle hésita, et si elle voulait s’installer tranquillement. Qu’est-ce qu’elle ferait à sa place si elle venait d’aménager ? Rencontrer et dormir. Cette pensée était vraiment d’une aide précieuse. Elle haussa les épaules et finit par frapper doucement sur la grande porte.

L’attente devant la porte fut interminable. Peut-être voulait-elle rester tranquille ? Tranquille pour visiter sa nouvelle maison et déposer ses affaires, même défaire ses valises ? Saskia avait les yeux rivés sur la porte qui ne s’ouvrait pas. La déception était plus grande à chaque secondes. Elle se voyait déjà rentrant chez elle, toute seule dans son salon à s’ennuyer à nouveau. Cato n’était pas là et tout de suite sa demeure semblait plus vide. Ce qui était légèrement déprimant. Elle ne croyait pas en Dieu, on peut dire qu’elle était totalement athée, et pourtant elle n’arrêtait pas de prier pour que cette porte s’ouvre. A l’intérieur elle imaginait l’inconnue faisant la morte pour que Saskia s’en aille. Têtue, elle resta devant quitte à se faire passer pour une idiote. Elle tenta même le « Shazam … Ouvre-toi ! », ce qui n’eut pas un franc succès. La blonde soupira de désespoir, puis la porte s’ouvrit. Est-ce qu’elle avait vraiment mis tant de temps que ça ? Non pas vraiment, c’était surtout l’impatience de la rencontre qui avait rendu Saskia hystérique.

La porte s’ouvrit donc après maintes tentatives. Ce fut d’ailleurs une jeune fille souriante qui apparut devant elle. Elle hocha la tête, surprise de la ressemblance. On aurait pu croire qu’il y avait un miroir devant elle. Enfin c’était la première impression qu’on se faisait en les voyants toutes les deux face à face. Mais si on regardait avec plus d’attention, on pouvait se rendre que leur seule ressemblance était leur chevelure d’or, leur taille et sûrement leur âge. Enfin, qu’elles se ressemblent ou pas importait peu pour Saskia, bien qu’elle trouve ça amusant. Elle, elle voulait savoir si elle pouvait être une bonne copine. En tout cas un grand sourire se dessina sur les lèvres rouges de la jeune fille. Il semblait que l’étrangère qui n’en était plus une d’ailleurs, avait également le sourire facile, à confirmer bien évidemment. La première impression était largement positive, cette fille paraissait au premier abord lui ressembler aussi bien physiquement que mentalement. Mais c’est lorsqu’elle se présenta qu’elle fut totalement satisfaite, elle avait une voix aussi joyeuse que serait la sienne lorsqu’elle répondrait. Elle paraissait enjouée et heureuse de faire sa connaissance. Il faut dire que le « Ravie de faire ta connaissance » aidait beaucoup. L’image de cette fille faisant la morte pour l’éviter, était déjà très loin. Et tant mieux ! Maintenant, elle espérait ne pas être déçue par la suite comme cela lui était souvent arrivé. Elle aurait éclaté de joie si elle avait pu tellement elle était contente, mais elle se contenta de remercier le bon seigneur pour avoir répondu à ses appels SOS. Toujours un sourire aux lèvres, elle fit un petit signe de la main, comme les petites filles et répondit à la présentation en se nommant à son tour :

« Bonjour ! Ravie de te rencontrer aussi, moi c’est Saskia Adeïev »

Avril était un nom original, et l’originalité elle aimait bien Saskia. Il faut dire que son nom plus n’est pas commun même si elle n’a jamais compris pourquoi son nom avait un côté russe alors qu’elle était anglaise. Enfin, ses parents … Elle devait se demander comment se faisait-il qu’elle était arrivée si rapidement ? Il n’y avait pas encore beaucoup de monde dans la rue, et c’est aussi pour ça que c’était un grand plaisir d’accueillir la nouvelle, alors qu’elle-même était encore nouvelle. Oui raisonnement compliqué, questions compliqués et inutiles, c’est du Saskia tout craché. Il fallait peut-être qu’elle lui explique qu’elle était sa voisine et qu’elle avait eu envie de la rencontrer. Elle allait peut-être éviter de lui dire qu’elle s’ennuyait à mort toute seule dans sa villa. D’ailleurs cette jeune Avril avait-elle aussi un ou une colocataire ? Pour sa part elle s’imaginait mal vivre toute seule dans une aussi grande maison :

« Je suis ta voisine, dit-elle en désignant d’un doigt sa maison, je t’ai vu arriver tout à l’heure et j’ai voulu te souhaiter la bienvenue dans le quartier ! »

Elle lui sourit encore. Elle qui était d’un naturel assez timide au premier abord avait totalement oublié ce côté-là de son caractère, tellement elle était contente de cette nouvelle rencontre et surtout de cette nouvelle rencontre féminine. En regardant discrètement derrière la jolie Avril, elle aperçut l’intérieur de la villa qui ressemblait un peu à la leur, sauf que celle-ci avait un étage contrairement à celle de Cato et Saskia. Elle remarqua aussi les valises dans l’entrée, exactement comme elle quand elle était arrivée. Elle avait laissé d’abord ses affaires dans l’entrée pour se promener tranquillement, la raison était d’abord la fatigue et le fait que sa valise était extrêmement lourde, elle avait réussis l’exploit de mettre le plus important dans sa grosse valise, sous les applaudissements de ses parents. D’ailleurs Aaron, l’étudiant qui l’a accueilli à l’université, a aussi dû supporter le poids du monstre et en a fait les frais. En pensant à cette rencontre elle se demanda à nouveau si elle était passée à l’université avant d’être venue ici ? C’est ce qu’avait fait Saskia, étant trop pressée de découvrir le nouvel endroit où elle travaillerait. Cependant cette idée n’avait pas été des plus judicieuses parce que trop crevante après le voyage. Elle allait lui proposer son aide mais peut-être qu’elle ne voudrait pas la laisser entrer à l’intérieur même si elle avait l’air très gentille. Elle tenta quand même par politesse au moins :

« Tu veux de l’aide pour tes valises ? »

Bon il faut l’avouer elle était aussi super pressée de la présenter aux autres personnes qu’elle avait rencontré et aussi de lui faire visiter l’université même si elle-même ne savait pas se repérer à l’intérieur du bâtiment. Et si elle faisait partie de la filière Art ? Ça serait génial. Elles s’amuseraient bien. Bon, c’était parti, Saskia avait déjà pleins d’idées de ce qui pourrait se passer plus tard. Faire les boutiques était une activité qu’elle aimait particulièrement même si dépenser de l’argent à tout bout de champ était quelque chose qu’elle n’appréciait que moyen. Heureusement elle savait acheter avec modération et lorsqu’il y a une certaine utilité. Avril semblait aimer la mode et c’était tant mieux. Leur bonne entente apparaissait comme une évidence aux yeux de Saskia qui se rappela que la journée n’était pas si mauvaise.

On se demande souvent pourquoi nos parents nous ont appelés de telle manière et pourquoi pas autrement. Malheureusement, les parents de Saskia n’avaient jamais les idées très claires et se foutant royalement de leur fille, elle ne serait pas surprise si elle apprenait qu’ils l’avaient pris dans un magazine ou autre. Et en même temps, elle n’avait jamais osé leur demander, pourquoi ? Peur de leur réaction sans doute, réaction toujours imprévisible. On lui avait souvent dit que Saskia lui allait bien, et elle voulait bien le croire. Parfois on se regarde dans la glace et on essaie d’imaginer quel autre nom on aurait pu porter … Julie ? Noémie ? Haley ? Non, non et non. Rien allait et elle restait collé à ce nom qui, lui-même, était collé à son passé.

Elle hocha la tête pour voir sa maison et sourit. Elle devait être contente d’apprendre que Saskia était sa voisine, enfin elle espérait qu’elle en soit contente vu qu’elles allaient se voir assez souvent maintenant. La jeune fille en profita pour regarder la rue, une grande rue où les maisons étaient pratiquement identiques mais avaient toutes quelque chose qui faisait la différence : une couleur qui sortait du commun, un jardin plus fleuri, une haie, une niche, … C’était amusant et cela faisait sûrement cliché mais elle trouvait que ça ressemblait à la rue de la série Desesperate Housewives. Oui vous savez ! Où des petites maîtresses de maison paraissent très sympathiques et cachent en vérité des secrets qu’elles se dévoilent peu à peu, elles viennent chez l’autre, elles se réunissent autour d’un poker pour critiquer. C’est une idée totalement clichée mais ce serait amusant avec Avril et puis il y aura Cato et aussi d’autres copines, mais là, il préfèrera sans doute ses copains qu’à une bande de jeunes filles. Elle sourit. Avril sembla surprise de sa proposition, Saskia se demanda alors si ce qu’elle avait dit était impoli, si elle avait commis une bêtise ou quelque chose dans ce genre. Pourtant proposer son aide pour défaire une valise ne lui semblait insultant. Peut-être était-ce alors lié à son passé ou à une habitude qu’elle avait prise. Elle préférait peut-être laisser sa valise pleine et la vidée peu à peu. Remarque, elle faisait comme elle voulait, ce n’est pas la blonde qui allait la forcer. Elle refusa donc sa proposition et Saskia ne put qu’acquiescer en signe d’accord. Il commençait à faire légèrement froid et le gros pull un peu large qu’elle avait mis montrait qu’il ne pourrait plus résister longtemps au vent frais du Canada. Heureusement la jeune fille lui proposa de rentrer et c’est avec un grand sourire qu’elle se précipita à l’intérieur. Un intérieur très joli. Il avait dû être décoré avant qu’elle n’arrive. Elle s’avança vers le centre de la maison, les mains frottant doucement ses bras pour se réchauffer, le regard baladeur. Avril poussa les valises pour qu’elle puisse passer, et elle l’aida pour rentrer dans le séjour ensuite :

« C’est très joli, c’est toi qui a décidé de la décoration ? »

Sa question pouvait paraître assez étrange, en tout cas ça raisonna bizarrement dans sa tête. Car il faut le rappeler, quand elle est arrivée chez elle la première fois, accompagnée de Cato d’ailleurs. Il n’y avait rien, les murs étaient blancs et il n’y avait aucun meuble, à part la chambre de son colocataire. Ses parents à elle voulaient qu’elle puisse décorer sa chambre toute seule car ils savaient qu’elle adorait ça. Donc actuellement, sa maison était un peu en chantier avec des pots de peintures un peu partout et des meubles tout neuf stockés dans un coin de la pièce. Mais c’était amusant, Saskia adorait décorer, créer et là elle pouvait faire tout ce qu’elle voulait, et elle allait faire un truc super. Elle espérait juste que ça plaise à Cato, ce serait dommage surtout qu’ils vont y vivre un moment alors. Elle décida donc de préciser pourquoi elle posait sa question et ajouta :

« Parce que chez moi c’est en pleins travaux, je décore car tout était vide en arrivant ! »

Elle sourit en désignant vaguement sa maison à travers les murs. Ca ne l’inquiétait pas d’avoir du bazar chez elle, sachant que le résultat sera satisfaisant et que ça récompensera tous ses efforts. En parfaite receveuse d’invités, Avril voulut lui proposer à boire ce qu’elle trouva vraiment sympa. Malheureusement elle n’avait rien à lui servir, ce qui était normal puisqu’elle venait d’arriver. Elle balaya ses excuses d’un geste de la main amical :

« Ce n’est pas grave, tu viens juste d’aménager et j’arrive comme ça chez toi, c’est à moi de m’excuser »

C’est vrai qu’elle arrivait comme ça, elle rentrait chez elle. Et qu’elle soit venue de loin ou pas le voyage avait dû être fatiguant et voilà qu’une voisine s’introduisait. Même si on a envie de rencontrer des personnes, il faut aussi pouvoir être tranquille pour se reposer. Saskia s’en voulait un peu et était prête à rentrer chez elle. Mais Avril lui proposa d’aller faire un tour histoire de lui faire visiter, elle trouva que c’était une bonne idée, espérant qu’elle ne lui propose pas cela par politesse pour ne pas la virer. Mais venant d’Avril, elle doutait que ce soit aussi méchant et elle afficha un sourire radieux en se redirigeant vers l’entrée :

« D’accord ! Par contre je dois te dire que je ne suis pas là depuis très longtemps, du coup je ne connais pas très bien. Mais j’ai bien remarqué la petite boutique pas très loin »

Dit-elle avec un petit clin d’œil. Etant une grande gourmande, la jeune blonde avait vite remarqué la superette un peu plus loin que le bout de la rue. On pouvait y aller à pied mais dans ce cas il fallait une quinzaine de minutes pour y arriver. Mais cela leur permettrait de discuter tranquillement. De son côté elle avait acheté une vieille bicyclette, ce qui était bien pratique pour aller faire les courses rapidement, histoire d’acheter un ingrédient qu’il manque, une baguette de pain, des trucs de ce genre.

Elle n’était pas très douée pour la décoration d’après elle, Saskia trouvait cela dommage car Avril avait la tête d’une bonne décoratrice d’intérieur, mauvais préjugé ! Mais la jeune blonde se doutait que sa nouvelle amie était douée dans un autre domaine, la mode peut-être ? Elle examina les vêtements de sa voisine, sa tenue plutôt raffinée et en totale accord. Elle aussi aimait bien la mode, mais était beaucoup moins douée qu’avec des pinceaux ou un appareil photo. En entendant la dernière phrase d’Avril, Saskia rit aussi, imaginant la maison avec plusieurs couleurs et différents objets ne s’accordant pas les uns aux autres. Son regard arpenta les murs et le sol avec attention. Non c’était très joli, simple mais efficace.

La jeune blonde en face d’elle lui fit une proposition qui lui décrocha un grand sourire. C’était une très bonne idée, elle espérait que cette aide ne lui était pas proposée dans le but d’être poli mais que cela partait d’une idée qui lui plaisait, autant qu’à Saskia. Mais venant de cette fille, elle ne doutait pas de sa bonne volonté ! Et, en se rappelant de l’état dans lequel était la grande pièce principale, son aide serait vraiment la bienvenue, on ne pouvait dire à des bras supplémentaires, surtout quand ils sont accompagnés d’un sourire aussi communicatif que celui de Saskia. Evidemment qu’elle n’allait pas l’exploitée, elle ne lui demanderait jamais de venir si ça ne venait pas d’elle d’abord, à part quand elles seraient vraiment proches, à ce moment-là, elle sera plus à l’aise pour lui demander de l’aider. Jamais elle ne pourrait l’obliger de faire quelque chose, sa porte serait toujours ouverte pour entrer mais aussi pour sortir de chez elle.

De son côté, elle l’aimait vraiment bien cette voisine, c’était un peu un cadeau du ciel. Jusque-là elle n’avait vu que des mecs et même si cela ne la dérangeait pas le moins du monde, elle avait besoin d’une figure féminine sur qui se raccrocher sinon elle finirait par péter les plombs. Surtout depuis qu’elle avait revu Caleb. Ce nom résonna dans sa tête et elle grimaça alors qu’Avril ramassait son sac. Elle le détestait et n’arrivait pas à croire qu’elle l’avait retrouvé au fin fond du trou du cul du monde. Mais comment ce faisait-il que celui qu’elle détestait le plus au monde, et le seul d’ailleurs pour qui elle éprouvait ce sentiment rare, soit venu dans ce pays qu’est le Canada. C’était incroyable.

Elles sortirent toutes les deux et ce sont les dernières paroles d’Avril qui la sortit de ses songes, surtout qui la sortit de l’emprise de Caleb. Il était … Il était … Terrible. Saskia secoua la tête pour l’enlever définitivement de sa tête et se reconcentrer sur sa voisine. Celle-ci avait l’air contente de partir à la découverte avec elle. Sentiment partagée d’ailleurs. Elles marchèrent le long du trottoir, la jeune fille remarqua que la rue était vide, c’était trop vide et trop silencieux ; elle espérait que bientôt, pleins de nouvelles têtes débarqueraient dans cette rue, qu’à chaque qu’elle sortirait dehors, elle aurait les bonjours des voisins profitant du soleil. Elle sourit à cette idée :

« Je pense que c’est par là ! »

Dit-elle en désignant de la main un côté de la rue et affichant un immense sourire. Elle était contente de sortir avec elle, une petite balade entre voisine c’était amusant. Saskia voulait qu’elles soient plus que des voisines, peut-être des amies ? Pour cela il fallait mieux se connaître et comme elles avaient le temps pour aller jusqu’à la superette, autant en profiter :

« Dis-moi, pourquoi tu es venue ici ? »

Elle se tourna vers Avril, curieuse.